jeudi 4 décembre 2014

Ne tirez-pas sur l'oiseau moqueur - Harper Lee



Ne tirez-pas sur l'oiseau moqueur
Harper Lee
Livre de poche "j'ai lu"
Prix : 6,60e


"- Je préférerais que vous ne tiriez que sur des boîtes de conserves, dans le jardin, mais je sais que vous allez vous en prendre aux oiseaux. Tirez sur tous les geais bleus que vous voudrez, si vous arrivez à les toucher, mais souvenez-vous que c'est un péché que de tuer un oiseau moqueur.
Ce fut la seule fois où j'entendis Atticus dire qu'une chose était un péché et j'en parlai à Miss Maudie.
- Ton père a raison, dit-elle. Les moqueurs ne font rien d'autre que de la musique pour notre plaisir. Ils ne viennent pas picorer dans les jardins des gens, ils ne font pas leurs nids dans les séchoirs à maïs, ils ne font que chanter pour nous de tout leur coeur. Voilà pourquoi c'est un péché de tuer un oiseau moqueur."


Un classique de la littérature américaine dont j'avais si souvent entendu parler et que - honte à moi - je n'avais encore pas lu ! Et d'ailleurs je ne l'ai pas lu. Non. Je l'ai carrément dévoré !

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur ou To kill a mockingbird est effectivement l'un des plus grands romans du XXe siècle. Publié en 1960, Harper Lee reçut pour son écrit le prix Pulitzer en 1961. Un an plus tard le livre était adapté au cinéma sous le titre Du silence et des ombres avec Gregory Peck dans l'un des rôles principaux -tiens un dvd à rajouter à ma liste !-

Et ça raconte quoi ?






Scout, une fillette âgée de 8 ans, entreprend de nous raconter comment son frère Jem, de 3 ans son aîné, s'est brisé le bras. Réponse que nous n'aurons pas avant la fin du livre... 
Nous sommes en 1930, en Alabama et plus précisément dans la petite ville rurale et ségrégationniste de Maycomb. Jem et Scout qui ont perdu leur mère très jeunes, sont élevés par leur père Atticus, un homme taciturne, brillant avocat et grand humaniste inculquant à ses enfant des valeurs telles que la justesse, le pardon, l'honnêteté, le courage... la seule figure féminine chez eux est Calpurnia, leur cuisinière noire. En dehors de l'école Jem et Scout passent leurs temps à s'inventer des aventures et des jeux dès, et leur ami Dill est souvent de la partie ! La pauvre tatie Alexandra a beau s'époumoner lors de ses visites, Scout est bien plus à l'aise dans sa salopette que dans une robe. Sauvageonne, intrépide, impulsive, Scout n'en demeure pas moins une enfant à l'esprit vif et d'une grande intelligence malheureusement bientôt son ingénu petit monde se heurte à l'injuste réalité de l'univers des adultes : Atticus doit défendre un jeune homme noir, Tom Robinson, accusé de viol sur une jeune femme blanche...

Mon avis :


Non mais pourquoi ai-je attendu si longtemps pour lire ce bouquin, je me/vous le demande ?! Vous l'aurez compris : j'ai adoré ! En vérité je connais peu de monde qui ne craquerait pas pour un tel ouvrage !!! Les personnages d'Harper Lee sont diablement attachants et j'ai eu quelques difficultés à les quitter.
La particularité de ce roman réside surtout dans le point de vue qu'à choisi l'auteur, à savoir que l'histoire nous est contée par une petite fille. Ce choix est résolument pertinent et fait de ce livre un véritable roman d'apprentissage. La vision du monde, des gens, de la société par Scout, cette enfant grandissant, est très, très intéressante... Son langage est simple, candide. C'est celui d'une fillette, nous faisant souvent sourire et apportant une fraîcheur contrastant avec les sujets complexes abordés -tolérance, justice et son contraire, racisme, viol, responsabilités...- sans jamais pour autant tomber dans le mélo. Les personnages secondaires sont tout aussi passionnants, Dill par exemple, a un petit côté Hunckleberry Finn, quant à Boo Radley et miss Maudie, j'adorerais les avoir pour voisins !

Dernier point : Bien que qu'il ne s'agisse pas d'un roman autobiographique, de nombreux éléments semblent directement sortis de l'enfance d'Harper Lee. Effectivement, celle-ci avait un papa avocat qui, en 1919, perdit un procès dans lequel il défendait deux hommes noirs accusées de meurtre. Après qu'ils eurent été exécutés, il cessa de plaider en pénale.
Quant à Dill, le camarade de jeu de Scout, il n'est pas sans rappeler Truman Capote, qui venait régulièrement en vacances chez ses tantes, non loin de chez Harper. Ensemble, ils imaginaient et lisaient des tas d'histoires ! Pas étonnant qu'ils finirent tous les deux par devenir écrivain...

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est une merveille, tant au niveau de l'écriture que du fond. Ce livre est universel et intemporel, un hymne à la tolérance que tout le monde devrait lire et avoir dans sa bibliothèque, ne serait-ce que pour mieux se respecter les uns les autres.


Quelques extraits :


"Les gens normaux ne tirent jamais aucune fierté de leurs talents, dit Miss Maudie /Ils ont tout à fait le droit de le penser et leurs opinions méritent le plus grand respect, dit Atticus, mais avant de vivre en paix avec les autres, je dois vivre en paix avec moi-même. La seule chose qui ne doive pas céder à la loi de la majorité est la conscience de l'individu" 

"Je voulais que tu comprennes quelque chose, que tu voies ce qu'est le vrai courage, au lieu de t'imaginer que c'est un homme avec un fusil dans la main. Le courage, c'est savoir que tu pars battu, mais d'agir quand même sans s'arrêter. Tu gagnes rarement mais cela peut arriver."

"Et, vois-tu, il a suffit d'une enfant de huit ans pour les ramener à la maison. Ce qui prouve qu'on peut arrêter une bande de bêtes sauvages, tout simplement parce qu'ils restent des êtres humains. TIens, ce serait peut-être une idées de fonder une milice d'enfants..."

"Ne jamais, jamais, jamais, dans un contre-interrogatoire, poser à un témoin une question dont vous ne connaissiez déjà la réponses (...) sinon, vous risquez d'obtenir une réponse dont vous ne voulez pas, une réponse susceptible de ruiner votre argumentation "

"Non, Jem, moi je pense qu'il y a qu'une sorte de gens, les gens. (...) C'était ce que je pensais moi aussi (...) S'il y a qu'une seule sorte de gens, pourquoi n'arrivent-ils pas à s'entendre ? S'ils se ressemblent, pourquoi passent-ils leur temps à se mépriser les uns aux autres ? Scout, je crois que je commence à comprendre pourquoi Boo Radley est enfermé tout ce temps. C'est parce qu'il n'a pas envie de sortir."

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